Le prix Seligmann contre le racisme 2012
a été décerné par la Chancellerie des Universités de Paris, à l’unanimité des membres du jury, le jeudi 18 octobre 2012, sous la présidence de Monsieur François Weil, Recteur de l’Académie, Chancelier des universités de Paris,
à Léonora Miano pour son ouvrage « Ecrits pour la parole« , publié aux Editions de l’Arche.
L’ouvrage, présenté comme un texte écrit pour le théâtre, est un cri de révolte contre la condition des Noirs, et en particulier des femmes noires. Il aborde toute la complexité de cette communauté en faisant entendre au sein de cette communauté des voix qui habituellement n’ont pas la parole par le biais de thèmes touchant le couple, la famille, le sexe, le travail, la mémoire ou encore l’identité.
Léonora Miano dévoile le rapport souvent conflictuel et douloureux qu’entretiennent les Noirs de France avec la question de la race et de l’identité et dénonce les nonsens, les idées reçues et les préjugés dont ils font l’objet.
Plus que les actes, ce sont les attitudes, voire les pensées lues dans le regard qui sont source de souffrance. De plus, les destructeurs de civilisation n’étaient que des menteurs, des roublards, des prestidigitateurs sans scrupules dont les descendants n’assument même pas l’héritage. Le principal reproche que le lecteur peut entendre est probablement celui de ne pas voir – ou ne pas vouloir voir – celles et ceux qui ont froid parce qu’ils ont posé leur baluchon dans un lieu qu’ils n’ont pas choisi.
L’ouvrage invite à s’interroger sur la notion de communauté, non pas pour l’approuver, mais pour prendre en considération ses différentes acceptions et pour ne pas faire de son rejet un élément de confort intellectuel.
Le jury a également particulièrement apprécié l’ouvrage de Monsieur Boubacar Boris DIOP, intitulé « Murambi, le livre des ossements« , publié aux Editions Zulma.
Le Prix Seligmann contre le Racisme 2012 a été remis à Léonora Miano, le mardi 5 février 2013, dans les Salons de l’Hôtel de Ville de Paris, en présence de M. François Weil, M. Bertrand Delanoë, Mme Françoise Seligmann et les membres du jury.
Discours de Françoise Seligmann
« Madame,
Je vous remercie pour votre beau livre, car il m’a ouvert les yeux sur l’insuffisante tiédeur des campagnes que nous menons contre le racisme depuis tant d’années.
Dans toutes les campagnes que nous avons menées à la Ligue des Droits de l’Homme contre le racisme, nous avions le sentiment d’être des combattants suffisamment clairs et courageux pour défendre une cause que nous tenait à cœur. Mais, à vous lire, je réalise combien notre combat était dépourvu de la force de conviction qui entraine à la victoire.
Merci de nous ouvrir les yeux et soyez certaine que, à l’avenir nous tiendrons compte de tout ce que nous avons appris en vous lisant. »