Le prix Seligmann contre le racisme 2015

Le Prix Seligmann contre le racisme a été remis en la Sorbonne le vendredi 5 février à Marceline Loridan-Ivens pour son livre Et tu n’es pas revenu, publié en 2015 aux éditions Grasset. 

Déportée – dans le même convoi que Simone Veil – en avril 1944 au camp d’Auschwitz, Marceline Loridan-Ivens s’adresse dans cet ouvrage à son père, Salomon Rosenberg, qui n’est jamais revenu des camps de concentration.

La Chancellerie des universités de Paris décerne chaque année depuis 2003 le prix Seligmann contre le racisme, l’injustice et l’intolérance. Ce prix « a pour vocation de récompenser annuellement une création écrite, d’expression française, apportant une pierre solide à la lutte contre le racisme ».

Les membres du jury – qui se sont félicités de la diversité des œuvres présentées – ont été particulièrement sensibles au parcours de l’auteur et à la qualité de son récit qui pose, dans un style poignant et pudique, et sous la forme originale d’une lettre ouverte, la question du retour des camps. « Et tu n’es pas revenu » correspond ainsi parfaitement à l’esprit du Prix Seligmann contre le racisme.

 

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Dans son discours, Mme Yvette Roudy, ministre des Droits de la femme de 1981 à 1986 et proche de Françoise Seligmann, a salué la singularité et la force de ce témoignage :

« Nous avons beaucoup aimé votre livre, Madame. Si je l’ai aimé, c’est parce que j’y ai trouvé quelque chose en plus de ce que j’avais pu trouver dans d’autres témoignages sur l’enfer qu’il décrit. Un enfer si peu imaginable que tous ceux qui en sont revenus, dites-vous, ont dû attendre plusieurs années avant de pouvoir en parler. Je pense à Simone Veil votre amie, qui fut la première Présidente du Parlement Européen où je l’ai rencontrée et qui m’avait dit la même chose. En lisant votre livre, j’ai eu aussi une pensée pour Charlotte Delbo qui avait choisi une forme littéraire particulière pour exprimer l’innommable dans son ouvrage Aucun de nous ne reviendra publié en 1965 et choisi par Colette Audry, Directrice de collection, une autre amie de Françoise.

J’aimerais – si vous permettez – retenir la question qui m’a le plus frappée et qui revient tout au long de votre ouvrage, tel un leitmotiv: « Avons-nous bien fait de revenir ? » Mais sans vos témoignages, Madame, nous n’aurions jamais pu imaginer ce que vous avez vécu! Alors merci d’achever votre livre sur ces mots « Oui, nous avons bien fait de revenir. »